SANTE AU TRAVAIL
Prévention des troubles musculo-squelettiques
Chaque personne, chaque mouvement et chaque exécution de tâche est propre à chacun. En effet nous parlons d'adaptation individuelle. Nous nous différencions en tant qu’individu par notre âge, notre taille, notre sexe et notre morphologie mais aussi en termes de stratégies et d’expériences qui nous sont propres. Pour effectuer nos activités professionnelles et plus largement nos activités quotidiennes nous avons besoin que notre « corps » (physique et psychique) dispose de fondations : on parle alors du complexe musculo-squelettique.
Complexe
musculo-squelettique
Notre squelette axé sur le rachis
(colonne vertébrale)
Notre colonne vertébrale compte 24 articulations qui ont pour but de réaliser un mouvement (se pencher, se tourner, …). Elle est donc conçue pour bouger.
Cette même colonne vertébrale est dotée de courbures physiologiques: une lordose cervicale, une cyphose thoracique et une lordose lombaire. Conçues pour répartir la charge, ces courbures mettent en évidence la flexibilité et l’adaptabilité de notre dos et ainsi s’opposent à l’idée véhiculée que nous devons avoir d’un dos « droit » et « immobile » lorsque nous sommes assis ou lorsque nous portons.
Le rachis et le corps au sens plus large aiment le mouvement, en ont besoin et sont conçus pour. on parle de posture dynamique.
(il est évident que ces mouvements doivent être adaptés en fonction des capacités et de l’instant T; point que nous développerons plus loin).
Nos disques intervertébraux
Ce sont des structures qui se trouvent entre chacune de nos vertèbres (excepté entre notre 1er et 2ème vertèbre cervicale) et qui grâce à leur caractéristique permettent à nos articulations de bouger et d’absorber les contraintes du quotidien.
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Composés à 80 % d’eau, ils peuvent être associés à l’image d’une “éponge”, assujettis à des forces de compression et de décompression, en fonction des activités (voir schéma 1).
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Lors de ces alternances de compressions/décompressions, le disque absorbe et libère les nutriments dont il a besoin (ou plus besoin). Le disque, très mal vascularisé, vit, aime et a besoin de ces alternances pour être nourri.
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Au contraire, une posture prolongée (telle que la posture assise) va avoir tendance à diminuer ces intervalles de compressions/décompressions et de ce fait induire une diminution des propriétés du disque et par là sa fragilisation.
Ces disques tout comme l’ensemble du corps humain vieillit. Ce vieillissement physiologique peut se marquer par des protrusions discales ou des hernies discales bénignes qui se localisent à la partie postérieure du disque essentiellement.
En effet, 80% de nos activités se font en flexion.
Pour expliquer cette déformation discale postérieure nous allons imaginer un sandwich doté d’une tomate en son centre que l’on comprime à l’avant. Pour répondre à cette compression antérieure la tomate de même que le noyau du disque va glisser vers l’arrière et ainsi mettre en tension les fibres postérieures du disque ou du sandwich…
La répétition de ces mouvements en flexion pourtant physiologiques, peut avoir pour conséquence de distendre les structures postérieures et ainsi permettre à notre noyau ou tomate de sortir vers l’arrière.
Remarque : certaines HD peuvent venir comprimer le nerf en son origine et créer une symptomatologie dont la plus connue est la sciatique. Sachez que des douleurs de type sciatalgie peuvent aussi produire les mêmes symptômes sans avoir d’hernie. Le nerf peut être comprimé ailleurs sur son trajet, ou l’origine peut-être une autre structure comme les muscles, les viscères etc.
Comment entretenir mon disque et rendre son vieillissement plus "agréable"
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Par l’hydratation en buvant 1.5 à 2 litres par jour
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En ayant une alimentation variée
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Dormir suffisamment et d'un sommeil réparateur (en moyenne 7heures)
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En restant actif au cours de sa journée de travail en bougeant dès que cela est possible et en s’étirant pour se soulager
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En pratiquant une activité physique qui nous plait (marche, vélo, course à pied, …)
Nos muscles
Nos articulations de même que nos disques bougent grâce à l’activation de nos muscles régis par la commande de notre cerveau via notre système nerveux. Les muscles se divisent en 2 groupes avec des fonctions différentes:
Les muscles du plan profond → les stabilisateurs : Abdominaux (transverse), le diaphragme, les paravertébraux et le périnée. (Schéma 3). Ces muscles apportent une stabilité, des fondations solides qui permettent aux autres muscles une meilleure qualité d’activation. Ils sont courts et n'entraînent que peu de mouvement.
Les muscles du plan superficiel → les mobilisateurs :
Seront cités les plus connus : quadriceps, biceps, … Ces muscles sont ceux qui permettent de produire une force, un mouvement.
→ les deux plans travaillent en synergie et sont interdépendants.
Mal de dos d'origine
plurifactorielle
Ce que nous dit la littérature (étude “the conversation”)
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Soulever des charges lourdes en ayant le dos rond → ne serait pas à l’origine de douleurs dorsales ou prédictif de telles douleurs.
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Les travailleurs avec des douleurs de dos existantes ont tendance à suivre les recommandations “dos droit, genoux fléchis”, par adaptation.
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L’origine du mal de dos est multifactorielle: augmentation de la charge, du stress, de la fatigue, facteurs environnementaux, un accident ...
En effet, afin d’être le plus efficient possible dans nos gestes, nous devons prendre en compte différents facteurs qui pourraient provoquer des douleurs.
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Le poids de la charge
Savoir combien pèse l’objet à manutentionner. Solliciter au maximum les aides techniques, ainsi que le port de charge à 2 personnes.
Normes légales de l'ordonnance 3 relative à la loi sur le travail, chapitre 2, section 4, art.25.
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Les caractéristiques de la charge: Ses dimensions, sa consistance, sa prise manuelle, son contenant etc. sont des facteurs à prendre en compte pour préparer le cerveau et le corps de façon adéquate.
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L’environnement de travail: La température, le bruit, la luminosité mais aussi l’espace disponible pour manutentionner la charge sont des facteurs à prendre en compte. Est-ce que c’est accessible ? Est-ce que je dois faire de la place ? Ou je vais poser ma charge ?
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Comment je me sens aujourd’hui: Introspection : mon état du jour, ma forme, ma fatigue sont eux aussi des facteurs pouvant être responsable sur l’instant T ou à distance d’un accident.
Il est important de prendre conscience de cela, d’être honnête avec soi-même et de s’adapter en fonction. Vous n’êtes pas des machines et vous avez le droit de ne pas être toujours à 100% 🡪 trouvez des astuces qui vous permettent de réaliser l’ensemble de vos tâches malgré cela. (Respiration, hydratation, entraide, communication avec les collègues, …).
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Comment je porte la charge, position du corps : Etre proche de la charge, diminuer le bras de levier; mettez-vous dans une posture qui vous est confortable et qui vous permet de réaliser la manutention dans de bonnes conditions. Il vaut mieux « perdre » quelques secondes plutôt que de risquer de se blesser.
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Comment je communique avec mon binôme ou collègue de travail: Si vous manutentionner à 2, définissez un leader et un suiveur pour réaliser la tâche de façon optimale : utilisez des mots adaptés (pousser/tirer/soulever), guidez votre partenaire.
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Comment j’utilise le matériel: Servez-vous du matériel mis à votre disposition, n’hésitez pas à solliciter l’aide d’un collègue ou de vos supérieurs pour vous faire une mise à jour de son utilisation.
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Comment j’organise mon temps de travail: Optimisez → chronologie des tâches (pour diminuer le niveau de stress et augmenter le confort). Désencombrement de l’espace (favorise mon déplacement et mon organisation). Octroi de pauses → les pauses légales et les micro-pauses : s’hydrater, s’étirer, bouger, échanger avec les collègues.
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Comment je gère mon stress, ma charge mentale et ma fatigue: Mettez en place des temps d’échanges pour débriefer et adapter l’organisation au besoin. Gérez votre organisation de travail, buvez suffisamment (cela permet de favoriser la concentration et l’hydratation de votre corps).
Pour conclure vous devez faire preuve d’adaptation permanente : réaliser un mouvement qui vous convient et qui peut être différent au cours de la journée pour une même tâche. Pensez à la dynamique d’entraide.
Octroyez-vous des micro-pauses régulièrement (pour respirer, boire, vous étirer...). Ces pauses peuvent également se faire au sein d’une autre activité comme s’étirer en lisant un mail par exemple.
Prenez en compte votre contexte privé et optez pour adapter vos gestes pour réaliser les tâches qui vous sont demandées.
Le mouvement
L’ensemble des entités que nous venons de voir interagissent entre elles pour bouger et ont besoin du mouvement pour rester en santé. Il s’agit:
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des articulations (squelette)
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des muscles
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du psychique
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de la conscience corporelle
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de la conscience de son environnement
Le mouvement est votre meilleur allié: variez au maximum vos positions, vos gestes au cours de la journée. La mise en place d’exercice avant de commencer une tâche favorise l’exécution de celle-ci et vous préparera à la faire.
Le mouvement peut être aussi axé sur la respiration : pour vous reposer, vous concentrer.
Il peut également s’apparenter à un étirement, pour soulager un geste répétitif (mouvement de flexion : se pencher en avant pour contrecarrer ce geste venez réaliser une extension du tronc en conscience) ou une posture prolongée inconfortable (posture assise -> levez-vous, réaliser un allongement du tronc comme si vous vouliez vous grandir, par exemple).